La psychothérapie jungienne et l’art d’apprivoiser le taureau (3): Découvrir
Le rossignol chante sur la branche.
Le soleil est chaud, la brise est douce et fraiche,
et les saules sur la rive sont verts.
Il n’y a aucune place ou vous puissiez lui échapper.
Sa superbe tête décorée de cornes imposantes peut-elle être représentée ?
« Le rossignol chante sur la branche. »
Le chant du rossignol est pur, le rossignol s’y donne. Découvrir le taureau, s’éveiller au Soi, c’est comme entendre le chant d’un rossignol pour la première fois. Aucune abstraction ne se reflète dans notre écoute, pour un bref instant toutes nos idées sur le Soi ont disparues et quelque chose est perçu. C’est juste l’accueil de ce qui est là.
Le troisième stade est celui d’une première vision, fugitive, de notre vraie nature. À l’étape précédente, nous avons vu des traces et nous sommes restés à l’écoute. Un jour notre écoute se retourne et quelque chose est perçue, comme après-coup. Quelque chose de distinct de l’ego et qui est pourtant présent dans toutes les modalités de notre conscience et de nos actes.
« Le soleil est chaud, la brise est douce et fraîche, et les saules sur la rive sont verts. «
Découvrir le taureau, c’est échapper aux chaînes de l’ego-centrage, c’est-à-dire s’éveiller de soi, s’éveiller à une nouvelle conscience de ce qui est là, simplement présent : le soleil est chaud, la brise est douce et fraîche, les saules sur la rive sont verts. C’est comme un poids qui tombe de nos épaules.
L’expérience est étonnante et en même temps, nous avons le sentiment que ce n’est pas la découverte de quelque chose de nouveau ; ce que nous venons de découvrir était là, présent partout et dans tout ce que nous faisions. Simplement, nous n’en n’étions pas conscients. Et pourtant il en résulte que notre regard sur les choses change totalement.
« Il n’y a aucune place ou vous puissiez lui échapper. »
Non seulement notre regard change, mais il nous est devenu impossible d’échapper aux conséquences de cette vision. Ce que nous cherchions est devenu une expérience. Ce n’est plus une idée. Nous avons réellement vu quelque chose et vu que ce quelque chose est toujours présent, partout. Il est impossible de lui échapper. Et comme le sel dans l’eau, cela transparait dans tous nos actes, dans notre façon de parler, de penser…
L’expérience du Soi est une expérience transformante. Si l’expérience arrive vraiment, il n’est pas possible qu’elle ne nous transforme pas, qu’elle ne transforme pas notre regard, notre façon de penser, de parler, d’agir. Nous le voyons et cela se voit. Il n’y a rien de spécial à faire. C’est un fait. C’est là.
« Sa superbe tête décorée de cornes imposantes peut-elle être représentée ? »
Personne ne peut prévoir quand le taureau apparaîtra, quand il se laissera découvrir. Ses mouvements sont les mouvements de la vie. Pourtant, bien que nous nous rendions compte qu’il est impossible de traduire adéquatement l’expérience avec des mots, il arrive que nous essayions de le faire, et nous nous retrouvons avec une abstraction. Nos pensées nous éloignent du vivant.
Mais cette étape n’est que l’aperçu de quelque chose, l’expérience initiale de l’éveil au Soi. Nous avons juste aperçu la queue du taureau, qui d’ailleurs d’après l’image nous tourne le dos. Peut-être cherche-t-il à nous montrer notre ombre ? Que percevons-nous ? Qu’est-ce qui perçoit ? Qu’est-ce qui est perçu ? C’est juste une ouverture, une incitation à regarder de plus près et à rester dans l’ouvert de l’expérience du Soi.
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Il découvre la voie par le chemin de l’écoute,
et rencontre l’origine des choses.
Tous ses sens s’y harmonisent ;
C’est comme une présence dans tous ses actes,
comme le goût salé de l’eau de mer,
comme la colle dans la couleur.
Le regard pur de soi et bien dirigé,
Il découvre qu’il coïncide avec l’origine.
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