La psychothérapie jungienne et l’art d’apprivoiser le taureau (2): Voir
Près de la rivière, sous les arbres, je vois les empreintes;
Je m’assois sur l’herbe odorante et j’étudie les signes ;
Même s’il s’enfonce de plus en plus profondément dans les montagnes,
Le taureau n’a nul endroit ou se cacher.
« Près de la rivière, sous les arbres, je vois les empreintes; »
Qui cherche trouve…
Au fil des séances, des lectures, éventuellement des séminaires, des conférences … le sens d’un « travail sur soi » commence à apparaître. Un peu de compréhension du contenu de l’expérience se lève, nous commençons à comprendre, à voir ce qui se travaille en nous, et qui en définitive n’a besoin que de nous. Nous avons trouvé les empreintes du taureau.
Car ce que nous comprenons de la voie de l’attraction numineuse du Soi, lorsque nous tournons notre attention vers elle, est qu’elle n’est rien d’autre que notre vie, ce qui implique que ce que nous recherchons est toujours déjà ce que nous sommes. Nous ne pouvons tout simplement pas ne pas être déjà la : il y a des traces de nous partout ! Comment faisons-nous pour ne ne pas le voir ?
« Je m’assois sur l’herbe odorante et j’étudie les signes ; »>
Finir par comprendre que le monde est un reflet de Soi, c’est comprendre dans le même temps que le Soi est reflété par notre vie changeante, insatisfaisante, et qui par moment nous apparaît vide. Mais vide de quoi ? vide se « Soi » ? vide de « moi » ?
Croire comprendre quelque chose sans en avoir une réelle connaissance, c’est ne trouver que des empreintes ou des traces du taureau, non de l’animal lui-même. Pressentir ce qui peut être vécu, ce n’est pas encore le vivre. À ce stade, nous en sommes là. Des herbes odorantes se laissent aller au vent, toutes choses reflètent le Soi. Mais le comprenons-nous vraiment ? Le vivons-nous sans partage… ?.
« Même s’il s’enfonce de plus en plus profondément dans les montagnes, »
Nous le savons maintenant, il est inutile de chercher une solution extérieure à nous-mêmes. Plus nous la cherchons à l’extérieur et plus le « taureau » en nous s’éloigne. Un travail sur Soi n’est ni la recherche ni la poursuite de quelque chose d’extérieur à Soi. Mais aussi profonde soit la compréhension du Soi et de ce travail, c’est encore « moi » qui comprends mais ne vit pas encore le monde en regard du Soi.
Il ne manquera jamais de personnes avisées pour nous dire que nous sommes ici, et d’autres encore, là. Mais au fond, nous ne sommes certains de rien. Nous cherchons à nous voir, mais nous n’avons vu que des pistes et sommes attirés, nous manquons de discernement, de racines pour discerner le vrai du faux. Et encore soumis à l’emprise de nos sens, nous continuons à nous perdre.
« Le taureau n’a nul endroit ou se cacher. »>
En dehors du fait que nous ne l’avons pas encore expérimenté …
Ou que nous allions le Soi est toujours la, mais il se révèle en même temps difficile à trouver. Nous cherchons parce que d’un côté, nous ne sommes pas encore arrivés (mais … où ?) et que de l’autre, le Soi nous y incite. Ce qui le cache est que nous ne l’avons pas encore expérimenté, alors que nous sommes sous l’influence de son attraction numineuse. Nous sommes à la fois attirés et comme repoussés…
Pour l’expérimenter, une seule voie s’offre à nous : nous donner totalement à la démarche entreprise. Être libéré, tant que nous ne nous sommes pas totalement vidé de nous, ce n’est que réflexion théorique. À cette étape toutefois il ne sert à rien de vouloir faire taire nos réflexions. Nous devons d’abord chercher à comprendre ce que nous désirons, avant d’ouvrir nos pensées et nous offrir à ce qui est.
Il y a bien des traces de nous partout, nous ne pouvons tout simplement pas ne pas être déjà la… mais nous ne sommes pas encore… vraiment. Nous pourrions facilement nous voir. Nous avons juste vu les traces.
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À force de travail sur Soi,
il a compris quelque chose de ce qu’il cherche.
Il sait maintenant que tout est fait d’un seul or ;
que le monde et sa vie le reflètent.
Mais il ne distingue pas encore le vrai du faux,
il manque de racines.
Il est toujours à la passe sans porte de lui-même,
il en a juste vu les traces.
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