La mère et ses enfants en psychologie analytique jungienne

Article mis à jour le 25/06/2024 | Jung

La mère et ses enfants

Selon Jung, les caractéristiques réelles des parents, et notamment de la mère, n’expliquent pas à elles seules l’influence de leur relation à leurs enfants. En effet, des influences inconscientes provenant des enfants viennent se mêler à l’influence des parents réels. Par exemple, celles de l’anima et de l’animus. Ces influences informent tout autant, sinon plus, la relation parents-enfant et ce qui en résulte.

Par exemple, ce qui a trait à la mère n’a pas uniquement à voir avec la mère réelle. Mais également avec l’imago maternelle, le complexe maternel et l’archétype de la mère. Ainsi, on exagère souvent largement ce qui lui est facilement attribué. Cela, parfois, jusqu’à l’âge adulte. Un aspect important d’une thérapie sera donc de différencier ce qui provient d’elle de ce qui a été projeté sur elle.

Imago, complexe et archétype

L’enfant fait en partie l’expérience de sa mère à travers ses propres perceptions de celle-ci. Mais, ce sont aussi ses propres réactions subjectives face à elle qui façonnent cette expérience. De même que par la projection de ses sentiments et par des influences archétypiques. Ces diverses influences se combinent pour former l’imago maternelle. Cet imago est donc une représentation inconsciente dynamique orientant sélectivement la façon dont l’enfant appréhende sa mère.

Les complexes sont des fragments psychiques qui composent l’inconscient personnel, de même que les archétypes constituent l’inconscient collectif. Selon Jung, toute expérience émotionnelle se transforme en complexe. Mais un complexe exprime également un archétype. Ainsi, les expériences émotionnelles de l’enfant avec sa mère contribuent partiellement à former le complexe mère. Celui-ci exprime aussi psychiquement l’archétype de la mère. Archétype manifesté comme un mode typique de réactions, d’évaluations et d’imaginations.

L’archétype de la mère

Enfin, un archétype, au sens jungien, est un organisateur inconscient et structurant du psychisme. L’archétype de la mère correspond à une capacité innée de l’enfant à reconnaître la relation de maternage. On le retrouve projeté en mythologie dans la figure de la Grande Mère. Mais l’enfant le projette tout aussi bien sur sa mère réelle. Cet archétype manifeste à la fois un aspect positif de mère aimante et un aspect négatif de mère terrible. Ainsi, à chaque stade du développement, l’enfant percevra simultanément sa mère comme bonne et mauvaise.

L’influence d’une mère sur ses enfants n’est donc pas limitée à ses caractéristiques réelles. Ses effets découlent aussi des projections archétypiques que les enfants font sur elle. Chez le fils et chez la fille, son archétype manifeste différemment des effets positifs et négatifs.

Mère et fils

Chez le fils, le complexe mère cristallise la façon dont il réagira au sexe opposé. Comme sa perception de sa mère est mêlée d’influences à caractères sexuels opposés, la formation du complexe mère se complique de l’influence de l’anima.

L’anima est une structure archétypale qui correspond à la partie intérieure contraposée sexuelle de l’homme. Elle compense son attitude consciente sur l’axe féminin-masculin qui lui est propre. L’anima correspond à un ensemble fluide et changeant de manières d’être, d’appréhender le monde, de penser et d’agir. Toutes choses perçues par lui comme appartenant au sexe opposé. Tant qu’elle n’est pas différenciée, elle est projetée.

Effets du complexe mère chez le fils

Avec une anima non différenciée du complexe mère, le fils restera comme figé dans un nuage de doutes et d’insécurité. Ce qui l’empêchera d’agir ou de mener à terme ses actions. Il tombera parfois sous l’emprise de femmes étouffantes rappelant l’emprise maternelle. Il pourra aussi rencontrer des femmes fatales qui, après l’avoir capturé dans leurs filets, le dégraderont. Avec une hétérosexualité restant inconsciemment attachée à sa mère, il choisira éventuellement l’homosexualité. Ou bien il se transformera en Don Juan qui recherche sans le savoir sa mère dans chaque femme. Il aura souvent des fantasmes érotiques grossiers et parfois deviendra impuissant.

Dans la mesure où le fils aura pu établir une bonne relation avec l’anima, le complexe mère pourra avoir des effets « positifs ». Cela pourra se traduire par une élévation de ses objectifs, de la persévérance, une différenciation fine de l’éros. Ou encore une transformation du donjuanisme en virilité. L’anima pourra aussi provoquer la naissance d’un puissant sentiment d’amour envers une femme. Elle pourra révéler sa fonction de relation à l’inconscient sous les traits d’une inspiratrice. Un guide vers l’intériorité en direction du Soi.

Mère et fille

Chez la fille, les effets possibles du complexe mère vont de l’hypertrophie à l’inhibition des instincts. De même que de l’identification à sa mère à la défense absolue contre elle.

Chez une fille aux instincts hypertrophiés, l’éros n’est développé que comme relation maternelle, mais reste inconscient. Elle ne reconnaîtra à son époux qu’une fonction procréatrice. De plus, elle projettera son instinct maternel avec une volonté de puissance destructrice. Volonté dangereuse pour sa propre personnalité et la vie de ses enfants. Chez une fille aux instincts inhibés, l’instinct maternel peut aller jusqu’à disparaître.

Relation avec le père et défense contre la mère

Un éros surdéveloppé pousse souvent la fille à développer une relation symboliquement incestueuse avec son père. Dans celle-ci, elle cherche inconsciemment à rivaliser avec sa mère. Elle développe alors une forte jalousie envers sa mère et un désir permanent de la surpasser. Si l’éros n’est pas accentué, la fille s’identifie à sa mère à qui elle reste dévouée par désir inconscient de la dominer. Elle pourra s’en séparer si un homme comble le vide de ses instincts en projetant son anima sur elle. Mais, elle devra encore acquérir une vraie conscience d’elle-même, notamment en intégrant son animus. Sinon, elle projettera ses propres talents sur son compagnon.

Dans le cas d’une défense contre la mère, cette défense éclipse tout le reste. Tous ses comportements sont alors opposés à ceux de sa mère. Il en résulte que tous les processus instinctifs (sexualité, désir d’enfant…) rencontrent des difficultés, passant au second plan. Elle attire alors des hommes ayant besoin de se libérer de leur mère. Ce qui peut les entraîner vers une plus grande connaissance d’eux-mêmes. De son côté, elle pourra bénéficier de ce mouvement en prenant conscience de son propre rôle libérateur, voire en le remplissant consciemment.

De la séparation à l’assimilation…

La séparation de la mère ne consiste pas seulement à conscientiser l’identification avec des figures et contenus psychiques étrangers pour rompre l’attachement. Une fois dénoués les liens de la projection, le travail du complexe mère doit ouvrir la voie vers un renouvellement de soi par une liaison plus intime à l’inconscient.

Dans un premier temps, les figures de l’anima et de l’animus sont mêlées à celles des complexes père et mère. Se détacher de l’influence maternelle suppose un travail de différenciation et d’intégration de l’anima chez le garçon, de l’animus chez la fille. Ce travail doit permettre ensuite le contact des figures de l’anima et de l’animus pour ce qu’elles sont essentiellement. Anima et animus sont des fonctions de relation à l’inconscient.

C’est ici que le processus d’individuation est rejoint. Il procède initialement à un mouvement analytique de séparation et de différenciation, transformant progressivement la conscience en un miroir dégagé de ses identifications inconscientes. Un mouvement synthétique d’assimilation des contenus inconscients lui donne son caractère de développement.

La mère et ses enfants

Selon Jung, les caractéristiques réelles des parents, et notamment de la mère, n’expliquent pas à elles seules l’influence de leur relation à leurs enfants. En effet, des influences inconscientes provenant des enfants viennent se mêler à l’influence des parents réels. Par exemple, celles de l’anima et de l’animus. Ces influences informent tout autant, sinon plus, la relation parents-enfant et ce qui en résulte.

Par exemple, ce qui a trait à la mère n’a pas uniquement à voir avec la mère réelle. Mais également avec l’imago maternelle, le complexe maternel et l’archétype de la mère. Ainsi, on exagère souvent largement ce qui lui est facilement attribué en propre. Cela, parfois, jusqu’à l’âge adulte. Un aspect important d’une thérapie sera donc de différencier ce qui provient d’elle de ce qui a été projeté sur elle.

Imago, complexe et archétype

L’enfant fait en partie l’expérience de sa mère à travers ses propres perceptions de celle-ci. Mais, ce sont aussi ses propres réactions subjectives face à elle qui façonnent cette expérience. De même que par la projection de ses sentiments et par des influences archétypiques. Ces diverses influences se combinent pour former l’imago maternelle. Cet imago est donc une représentation inconsciente dynamique orientant sélectivement la façon dont l’enfant appréhende sa mère.

Les complexes sont des fragments psychiques qui composent l’inconscient personnel, de même que les archétypes constituent l’inconscient collectif. Selon Jung, toute expérience émotionnelle se transforme en complexe. Mais un complexe exprime également un archétype. Ainsi, les expériences émotionnelles de l’enfant avec sa mère contribuent partiellement à former le complexe mère. Celui-ci exprime aussi psychiquement l’archétype de la mère. Archétype manifesté comme un mode typique de réactions, d’évaluations et d’imaginations.

L’archétype de la mère

Enfin, un archétype, au sens jungien, est un organisateur inconscient et structurant du psychisme. L’archétype de la mère correspond à une capacité innée de l’enfant à reconnaître la relation de maternage. On le retrouve projeté en mythologie dans la figure de la Grande Mère. Mais l’enfant le projette tout aussi bien sur sa mère réelle. Cet archétype a un aspect positif de mère aimante et un aspect négatif de mère terrible. Ainsi, à chaque stade du développement, l’enfant percevra simultanément sa mère comme bonne et mauvaise.

L’influence d’une mère sur ses enfants n’est donc pas limitée à ses caractéristiques réelles. Ses effets découlent aussi des projections archétypiques que les enfants font sur elle. Chez le fils et chez la fille, son archétype manifeste différemment des effets positifs et négatifs.

Mère et fils

Chez le fils, le complexe mère cristallise la façon dont il réagira au sexe opposé. Comme sa perception de sa mère est mêlée d’influences à caractères sexuels opposés, la formation du complexe mère se complique de l’influence de l’anima.

L’anima est une structure archétypale qui correspond à la partie intérieure contraposée sexuelle de l’homme. Elle compense son attitude consciente sur l’axe féminin-masculin qui lui est propre. L’anima correspond à un ensemble fluide et changeant de manières d’être, d’appréhender le monde, de penser et d’agir. Toutes choses perçues par lui comme appartenant au sexe opposé. Tant qu’elle n’est pas différenciée, elle est projetée.

Effets du complexe mère chez le fils

Avec une anima non différenciée du complexe mère, le fils restera comme figé dans un nuage de doutes et d’insécurité. Ce qui l’empêchera d’agir ou de mener à terme ses actions. Il tombera parfois sous l’emprise de femmes étouffantes rappelant l’emprise maternelle. Il pourra aussi faire la rencontre de femmes fatales qui le dégraderont après l’avoir pris dans leurs filets. Avec une hétérosexualité restant inconsciemment attachée à sa mère, il choisira éventuellement l’homosexualité. Ou bien il se transformera en Don Juan qui recherche sans le savoir sa mère dans chaque femme. Il aura souvent des fantasmes érotiques grossiers et parfois deviendra impuissant.

Dans la mesure où le fils aura pu établir une bonne relation avec l’anima, le complexe mère pourra avoir des effets « positifs ». Cela pourra se traduire par une élévation de ses objectifs, de la persévérance, une différenciation fine de l’éros. Ou encore une transformation du donjuanisme en virilité. L’anima pourra aussi provoquer la naissance d’un puissant sentiment d’amour envers une femme. Elle pourra révéler sa fonction de relation à l’inconscient sous les traits d’une inspiratrice. Un guide vers l’intériorité en direction du Soi.

Mère et fille

Chez la fille, les effets possibles du complexe mère vont de l’hypertrophie à l’inhibition des instincts. De même que de l’identification à sa mère à la défense absolue contre elle.

Chez une fille aux instincts hypertrophiés, l’éros n’est développé que comme relation maternelle, mais reste inconscient. Elle ne reconnaîtra à son époux qu’une fonction procréatrice. Son instinct maternel sera projeté avec une volonté de puissance destructrice. Volonté dangereuse pour sa propre personnalité et la vie de ses enfants. Chez une fille aux instincts inhibés, l’instinct maternel peut aller jusqu’à disparaître.

Relation avec le père et défense contre la mère

Un éros surdéveloppé conduit souvent la fille à développer une relation symboliquement incestueuse avec son père. Dans celle-ci, elle cherche inconsciemment à rivaliser avec sa mère. Elle développe alors une forte jalousie envers sa mère et un désir permanent de la surpasser. Si l’éros n’est pas accentué, la fille s’identifie à sa mère à qui elle reste dévouée par désir inconscient de la dominer. Elle pourra s’en séparer si un homme remplit le vide de ses instincts en projetant sur elle son anima. Mais, elle devra encore acquérir une vraie conscience d’elle-même, notamment en intégrant son animus. Sinon, elle projettera ses propres talents sur son compagnon.

Dans le cas d’une défense contre la mère, cette défense éclipse tout le reste. Tous ses comportements sont alors opposés à ceux de sa mère. Il en résulte que tous les processus instinctifs (sexualité, désir d’enfant…) rencontrent des difficultés, passant au second plan. Elle attire alors des hommes ayant besoin de se libérer de leur mère. Ce qui peut les entraîner vers une plus grande connaissance d’eux-mêmes. De son côté, elle pourra bénéficier de ce mouvement en prenant conscience de son propre rôle libérateur, voire en le remplissant consciemment.

De la séparation à l’assimilation…

La séparation d’avec la mère ne consiste pas seulement à rendre consciente l’identification inconsciente avec des figures et des contenus psychiques étrangers, afin de rompre l’attachement. Une fois dénoués les liens de la projection, le travail du complexe mère doit ouvrir la voie vers un renouvellement de soi par une liaison plus intime à l’inconscient.

Dans un premier temps, les figures de l’anima et de l’animus sont mêlées à celles des complexes père et mère. Se détacher de l’influence maternelle suppose un travail de différenciation et d’intégration de l’anima chez le garçon, de l’animus chez la fille. Ce travail doit permettre ensuite le contact des figures de l’anima et de l’animus pour ce qu’elles sont essentiellement. Anima et animus sont des fonctions de relation à l’inconscient.

C’est ici que le processus d’individuation est rejoint. Il procède initialement à un mouvement analytique de séparation et de différenciation, transformant progressivement la conscience en un miroir dégagé de ses identifications inconscientes. Un mouvement synthétique d’assimilation des contenus inconscients lui donne son caractère de développement.

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Patrick Bertoliatti

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