Confiance en l’esprit (1): Etre sans préférence
« La Grande Voie n’est pas difficile pour qui demeure sans préférence »
La découverte de soi n’est pas réservée à quelques uns, mais elle ne devient facile que pour qui apprend à demeurer sans préférence, c’est-à-dire pour qui ne fonde pas l’expérience de soi sur la fluctuation de ses désirs et de ses peurs, ou encore, pour qui accepte d’apprendre à ne rien attendre.
« Sans « j’aime », « je n’aime pas », tout est clair et sans voile »
L’ego se construit au travers de réactions d’appropriation et de rejet qui filtrent les perceptions. Tout devient clair et sans voile dès que nous cessons de nous approprier la réalité à travers ce filtre, c’est-à-dire dès que nous acceptons de ne plus tenter de nous posséder. Autrement-dit dès que nous acceptons la possibilité de nous perdre. Et pour cela il s’agit juste de voir que nos préférences n’ont pas d’autre réalité que celle d’être des projections qui voilent l’expérience de ce qui est.
« Mais faites la plus petite distinction, et aussitôt une distance infinie sépare le ciel et la terre »
Consciemment ou non, nos préférences nous conditionnent et nous amènent à nous attendre à ce que les choses soient comme nous le désirons. Et nous souffrons lorsque ce n’est pas le cas. Ce qui finit toujours par être le cas… En tension entre « bien-être » et « mal-être » nous cherchons alors à contrôler la réalité. Or être soi, ce n’est pas se posséder : l’expérience de l’ego, le « moi », s’éloigne alors de l’expérience relationnelle au Soi (ici au sens jungien du terme).
« Si vous voulez voir la vérité, ne vous accrochez à aucune opinion pour ou contre quoi que ce soit »
Vouloir voir la vérité implique d’accepter de déconstruire les filtres d’attraction et de rejet qui forgent le sens de l’identité. C’est une voie difficile, inquiétante même, mais elle permet, en se libérant du filtre de ses préférences, de se rendre libre en relation au Soi en se libérant du « moi ». Voir la vérité, c’est alors se rencontrer en toute chose au travers d’un flux de coïncidences signifiantes que Jung a nommées « synchronicités ».
« Opposer ce que vous aimez à ce que vous n’aimez pas est la maladie de l’esprit »
La maladie de l’esprit c’est le bavardage intérieur incessant sur ce que nous aimons et n’aimons pas, et qui nous aliène à nous-mêmes. Revenir à la clarté de l’esprit, c’est devenir intérieurement silencieux. Et devenir intérieurement silencieux, ce n’est pas ne rien penser, c’est juste demeurer « conscience sans préférence » de ses propres pensées.
« Si vous ne pénétrez la signification profonde des choses, l’immobilité essentielle de l’esprit est perdue »
La signification profonde des choses est que rien n’existe par soi seul, que nous n’appréhendons que nos perceptions des choses, et non les choses en elles-mêmes, et que tout se transforme constamment. Si nous ne le voyons pas, les distinctions basées sur nos préférences nous perturbent sans cesse l’esprit. Paradoxalement, l’immobilité essentielle de l’esprit se rejoint en commençant par observer la constante transformation des choses.
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