Confiance en l’esprit (fin) : Au-delà du langage

Article mis à jour le 21/05/2024 | Zen et psychothérapie

Confiance en l’esprit au-delà du langage

« Vide ici, vide là, mais l’univers infini se trouve partout devant vos yeux. »

Pour Seng-ts’an, rien n’existe en soi, les distinctions entre vide et forme, relatif et absolu, présence et absence etc… sont à dépasser. Il ne s’agit toutefois pas de nier que l’univers est devant nous. Il s’agit de voir que tous les temps sont contenus dans l’unique moment présent, et que l’univers entier est un seul lieu. C’est-à-dire que nous vivons dans une permanente coïncidence des opposés du rien et du tout ; et qu’à nous vider de nos manières de voir conditionnées, ne nous tenir nulle part nous situe partout.

« Infiniment petit et infiniment grand sont identiques. Lorsque les définitions sont oubliées, l’infiniment grand est identique à l’infiniment petit, plus aucune limite n’est visible. »

Infiniment petit et infiniment grand sont identiques parce qu’ils sont infinis. Pour le voir, il faut oublier le mur de définitions qui nous sépare du monde de façon invisible. Et, semble dire Seng-ts’an, c’est dans l’ouverture créée par cet oubli que se dépasse la dualité entre soi et le monde. Nos concepts en opposition forment le monde que nous habitons en définissant ce que nous fuyons ou désirons. Les oublier, c’est ne plus nous situer dans un rapport de consommation du monde, mais nous libérer pour y communier sans limite.

« De même avec Etre et non-Etre. »

Nul ne se trouve sans se perdre, sans s’oublier. Etre et non-Etre se touchent. L’océan n’est pas l’océan, il est les vagues. Les vagues sont de l’eau. Et l’eau s’attarde dans l’océan, dans la vague. La vague, l’océan et l’eau sont ce qu’ils sont et elles ne le sont pas. Aucune chose n’est uniquement ce qu’elle paraît être. Aussi, rien ne correspond réellement aux définitions conventionnelles qu’on en donne. L’ensemble du monde est au-delà de la définition de ceci ou de cela.

« Ne perdez pas de temps avec des doutes et des arguments qui n’ont rien à voir avec cela. »

La réalité est rationnelle; c’est le monde construit par le langage. Le réel au contraire ne dépend d’aucun argument ou concept. Nous ne pouvons le saisir, c’est lui qui nous saisit. Nous sommes le maintenant du réel. On ne peut pas le dire car il dépasse tous nos arguments et tous nos doutes. On ne peut que s’y établir. Et s’y établir c’est expérimenter la confiance en l’Esprit-Un; l’accueil de tout ce qui vient, débarrassé d’aversion et d’attachement.

« Une chose est tout, toutes choses sont Une. Vivre dans cette réalisation c’est être sans anxiété quant à la non-perfection. »

La raison et les mots divisent, et la division entraîne l’anxiété du sentiment de séparation. Aussi, pour Seng-ts’an, dès qu’est vue l’unité du réel en tous et en toutes choses, il n’y a plus lieu d’être anxieux. L’expérience du non-duel s’enracine dans une conscience sans inquiétude. Nul besoin de rechercher la perfection. De même, le processus d’individuation ne conduit pas à une perfection imaginée, mais en direction de la totalité conscient/inconscient. Aussi, la réalisation de soi n’est pas la perfection d’un accomplissement, mais une relation au Soi qui libère de l’anxiété de la non-perfection.

« La foi en l’esprit est non duelle. La non-dualité est la foi en l’esprit. »

Pour Seng-ts’an, la foi en l’Esprit, c’est vivre totalement, sans anxiété à propos de perfection, sans idéal, concepts ou règles prédéterminées sur la vie. Et vivre dans cette foi conduit au non-duel qui est Un avec la foi en l’Esprit. La foi est l’effondrement des frontières entre moi, ce que je suis, ce que je deviens. L’Esprit est déploiement en être-et-devenir d’un processus qui s’auto-illumine. Le processus d’individuation ne m’advient pas, il est ce que je suis.

« Les discours s’arrêtent là – la voie est au-delà du langage, sans passé, sans présent, sans futur. »

La vie est au-delà du temps. Elle n’est ni le passé remémoré, ni le futur imaginé, ni le passage entre mémoire et imagination. En un sens, pour Seng-ts’an, le langage est temps, et dès que le langage disparaît, le temps disparaît. Penser en terme de présence plutôt qu’en termes d’hier, d’aujourd’hui ou de demain est libérateur. Il s’agit de vivre la présence plutôt que dans les concepts où être et devenir sont différents l’un de l’autre. Chaque moment est complet et est un moment de liberté tel qu’il est.

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Patrick Bertoliatti

Souscription

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