Le rêve en islam – Rêve et tradition islamique

Article mis à jour le 24/04/2024 | Rêves

Le rêve revêt une importance particulière dans l’islam et la tradition islamique. Dans cette tradition, ce que le croyant voit en rêve a la valeur du quarante-sixième de la prophétie. Certains commentateurs ont pu restreindre la validité de cette affirmation aux proches du prophète Muhammad (le Prophète). D’autres ne l’ont étendue qu’à ses proches. Il n’en demeure pas moins que le rêve est vu comme une possible source de savoir divin.

Le rêve y est en conséquence abordé avec sérieux. D’autant que, toujours selon la tradition, il peut être un lieu de l’apparition véridique du Prophète. De surcroît, Dieu même peut s’y rendre visible sous certaines formes.

La prudence face aux rêves

Le rêve en islam est aussi abordé avec prudence. Car la tradition relayée par les différentes synthèses dogmatiques (cf. par exemple, celles d’Ibn Sirin, Ibn Arabi, Ibn Khaldoun et Ibn Hajar du 7ᵉ au 15ᵉ siècle) indique l’existence de plusieurs types de rêves. Il y a des rêves véridiques porteurs d’un message divin. Il y a aussi des rêves porteurs de révélations directes de la Réalité. Et des rêves prophétiques. Mais, il existe aussi des rêves qui reflètent seulement les pensées et les sentiments du rêveur, ainsi que des rêves suscités par des forces démoniaques.

Les rêves dans le Coran

Plusieurs sourates du Coran font explicitement référence aux rêves. Par exemple, la sourate 8 montre Dieu qui intervient dans un rêve pour induire un effet émotionnel rassurant face à l’adversité (versets 43-44). Dans la sourate 12, qui est une version abrégée de l’histoire de Joseph, Joseph interprète ses rêves par grâce divine (versets 4-6). Il interprète aussiceux de ses compagnons (versets 36-37) ou d’autres personnes (versets 42 à 49, etc.). La sourate 37 relate l’histoire d’Abraham et du sacrifice de son fils Isaac. Abraham y raconte à Isaac un rêve où il lui est dit d’exécuter son fils. Sur l’assentiment d’Isaac, Abraham s’apprête à mettre littéralement le message du rêve à exécution lorsque Dieu l’arrête, disant que son obéissance absolue vaut réalisation de sa vision.

Ces exemples montrent le rêve dans l’islam comme un lieu d’intervention de Dieu corrigeant les attitudes conscientes. Il peut être prophétique et libérateur, et sa compréhension relève du don. Le rêve peut être aussi une version symbolique ou directe du message transmis. Enfin, il peut correspondre à un commandement divin.

Il est important de noter l’importance de la dimension onirique de ces divers épisodes. Par exemple, le rêve rapporté par Abraham à son fils dans la sourate 37 ne figure pas dans le récit biblique correspondant. Mais, surtout, cette même sourate montre qu’interpréter un rêve peut permettre d’atteindre au cœur même de la foi musulmane : se soumettre à la volonté divine.

Les rêves dans les Hadiths

Un hadith est un dit du Prophète, englobant l’ensemble des traditions relatives à ses actes, paroles et ceux de ses Compagnons. Selon la littérature du hadith, les rêves ont tenu une grande place dans la vie du Prophète. Il interprétait lui-même ses rêves et il est dit qu’il réunissait ses Compagnons le matin et interprétait les leurs. Cette pratique de l’interprétation collective des rêves entretenait une inspiration onirique dont il était le garant. Elle pouvait avoir des répercussions religieuses.

Le hadith donne aussi des indications pratiques. Par exemple que tout rêve venant de Dieu se reconnaît à ce qu’il apporte soulagement et joie. Tandis qu’un rêve venant du diable met mal à l’aise. De plus, il conseille de ne raconter que les rêves provenant de Dieu et de taire ceux provenant du diable. Il indique aussi que l’état de pureté du cœur du dormeur se reflète dans le degré de clarté d’un rêve.

Par ailleurs, on l’a vu, le sommeil peut devenir le moment de la visitation de Dieu, mais également d’une présence démoniaque. Comme la pureté renvoie à la relation au monde divin et l’impureté attire le démon, le hadith prescrit un certain nombre de gestes de purification devant être accomplis avant de s’endormir ou après au réveil. Bref, il convient autant de se préparer au rêve que de savoir l’accueillir.

L’onirocritique ou interprétation des rêves

L’islam s’est aussi doté de toute une tradition onirocritique. En effet, si Dieu peut envoyer à un rêveur un message en clair, non codé, le plus souvent le rêve est fait de symboles. Il doit donc être interprété. Mais, comment interpréter les symboles oniriques ?

Pour opérer la translation de sens des symboles oniriques, on a d’abord cherché dans la Tradition scripturaire et l’usage des premiers Compagnons du Prophète. Mais, on s’est vite rendu compte que de deux faits. Tout d’abord, chaque symbole ne prend son sens que dans sa relation aux autres éléments du rêve. Par ailleurs, il peut revêtir un sens original propre au rêveur. Les interprétations possibles se sont donc multipliées, en tenant toutefois compte d’un principe de base : l’image onirique est censée renvoyer à un « au-delà » du rêveur. C’est-à-dire qu’elle est transpersonnelle du point de vue téléologique, même si sa signification immédiate est personnelle.

En guise de conclusion

Selon le Coran, l’interprétation des songes nécessite un choix et une inspiration de Dieu. En conséquence, c’est une science divine. Chez les mystiques musulmans, comme Ibn Arabi par exemple, le rêve est une source de lumière spirituelle. Il est cependant aussi possible de faire une lecture psychologique de ce qui précède. On peut alors retenir qu’il nous est dit que :

  • Le rêve peut avoir un effet compensateur d’une attitude consciente trop unilatérale,
  • Il nécessite le plus souvent une interprétation, cependant son sens peut aussi être transparent,
  • Son interprétation doit renvoyer au registre symbolique propre au rêveur,
  • Elle doit aussi renvoyer le rêveur à plus que lui-même.

Il suffit d’ajouter que, pour lire un rêve, Ibn Sirin (fin 7ème – début 8ème siècle) recommandait de relier les images oniriques en apparence dépourvues de lien en usant de jeux de mots ou de l’étymologie. Il préconisait également de prendre en compte les désirs et craintes inavoués du rêveur. Avec ces différents préceptes, on dispose alors de tous les éléments essentiels pour entamer un travail thérapeutique d’interprétation des songes.

On retiendra aussi que, comme dans le christianisme, l’islam ne recommande pas d’interroger le sens de n’importe quel rêve. La question demeure : le travail de n’importe quelle image qui traverse mon esprit me conduit-il obligatoirement à la santé psychique ?

1 Comment

  1. Hirèche Aicha

    Bonjour,
    Je suis tout à fait en phase par rapport aux concepts abordés.J’interprète ,personnellement mes reves avec les versets coraniques:Directement ou par analogie,aussi il ya le sens des prénoms des personnes vues en reve:C’est très interessant ne dit on pas que les reves sont les projets de L’Ame.

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