Janus et le processus thérapeutique

Le symbolisme attaché à Janus comporte des points communs avec le processus thérapeutique. Un peu de mythologie le fera comprendre…

Janus dans la mythologie

On ne connaît pas l’origine du dieu Janus, mais on sait que Janus fut avant tout un dieu solaire. Il serait aussi ancien que le monde dont il est le gardien. De même qu’il est le gardien des portes qu’il ouvre ou qu’il ferme et de tous les mouvements de passage correspondants. C’est pourquoi il a pour insignes la clé qui ouvre et ferme la porte et la baguette pour écarter tout ce qui ne doit pas en franchir le seuil.

Son histoire commence lorsqu’il recueille Saturne chassé des cieux. Celui-ci, en remerciement, lui offre le don de la « double science » du passé et de l’avenir. D’où la représentation de Janus avec deux visages, deux regards, orientés dans des sens opposés. Mais, il était aussi parfois représenté avec quatre visages lui permettant de voir dans toutes les directions, les quatre points cardinaux et les quatre saisons.

Ces regards permettent à Janus de surveiller le dehors et l’intérieur, l’accès et la sortie. Janus est le dieu qui préside à toutes les transitions et à tous les passages et est en conséquence celui des commencements. Dieu de tous les commencements, il est appelé le père du temps. Ses regards qui ne peuvent se croiser disent aussi que le présent est le lieu de son véritable visage : le visage invisible de l’instant présent et de la présence.

Un autre aspect important du symbolisme de Janus est que ses visages sont souvent ceux d’un homme âgé et d’une figure plus jeune féminine. Ce qui fait de Janus un dieu androgyne.

Enfin, Janus est le dieu et le gardien de la paix. À Rome, les portes de son temple étaient ouvertes en temps de guerre, pour montrer qu’il était parti combattre et fermées en temps de paix. Il veillait alors sur la ville.

Du symbolisme de Janus au processus thérapeutique

Janus gardien des portes et des passages semble particulièrement le bienvenu pour symboliser le processus thérapeutique. En effet, si les raisons d’entreprendre une thérapie sont multiples, elles ont toutes un point commun : « quelque chose » ne va pas. Il est difficile d’en parler, de mettre des mots sur ce « quelque chose »… une porte semble fermée. Porte de la santé, de l’amour, du sens de la vie… Comment ouvrir à nouveau cette porte et comment la franchir sont les questions posées ?

Ensuite, le don de « double science » de Janus peut se rapprocher des moments d’une thérapie où sont regardés l’arrière et le devant de la scène ; les héritages du passé et les chemins du futur, les passages de mémoires douloureuses vers une vie plus épanouie. Cette double-vue s’applique aussi à la mise en relation de l’inconscient et du conscient.

Du visage invisible de Janus, celui de l’instant présent et de la présence, on peut affirmer qu’il est vraiment ce vers quoi le processus thérapeutique cherche à faire approcher : une présence à soi, aux autres et au monde, non endommagée par le croisement des mémoires et des espoirs.

Du symbolisme de Janus androgyne, on pourra rapprocher le mélange « féminin-masculin » qui apparaît au cours du processus. Il s’agira alors de trouver le passage de l’indifférenciation dont il est le signe à une conjonction des opposés. Celle-ci, le plus souvent représentée par des structures quaternaires, est à rapprocher du Janus à quatre visages.

Enfin, avant d’entreprendre une thérapie, un avertissement s’impose : une thérapie n’est pas une partie de plaisir, cela ressemble plutôt parfois à une guerre ! Par conséquent, Janus gardien de la paix s’impose !